L’association ESPT, dont l’objet est la santé publique dans les territoires, se devait de se pencher sur le rapport récent remis par le Pr Franck Chauvin au ministre de la santé, pour proposer des pistes de refondation de la santé publique en France. Le Pr Franck CHAUVIN, président du Haut Conseil de la santé publique, nous a fait l’honneur d’accepter de venir présenter ce rapport et répondre à nos interrogations sur la place des territoires et de leurs acteurs.
L’audience était nombreuse, avec une représentation d’élus, mais aussi de professionnels de la santé territoriaux et du monde associatif. La richesse des questions a montré une attente très forte.
Cette présentation a permis de mettre en lumière l’approche inclusive et clairement engagée proposée par le Pr Chauvin, pour les acteurs territoriaux, bien au-delà de quelques représentations institutionnelles d’élus dans des instances existantes (ARS par exemple). En particulier, il a détaillé sa proposition de développer des « instituts » de santé publique régionaux qui seraient ouverts à tous les acteurs territoriaux, et destinés à la fois à la formation (Université et autres), à l’interaction de la société civile avec les communes et autres acteurs territoriaux, à l’articulation avec les politiques nationales (ARS, préfectures…), à la mise à disposition d’une expertise plus locale et au service des territoires que celle des instances nationales. Une forme de « maison commune » de la santé publique au niveau territorial.
Il a aussi insisté sur le modèle de nos voisins britanniques qui ont décentralisé la Santé Publique dans les territoires, en ne gardant au niveau national que la stratégie et en offrant une gouvernance à partir d’un tableau de bord d’objectifs territoriaux qui est alimenté par les données de santé du pays. Alors qu’il ne préconise pas cette décentralisation pour la France, l’outil de pilotage développé outre-Manche lui parait essentiel et pourrait être mis à disposition des territoires pour permettre aux collectivités territoriales de lancer des actions, les piloter, inviter tous les acteurs à contribuer. Ces indicateurs de santé spécifiques aux territoires, permettant de fixer et piloter des objectifs territoriaux, restent difficiles à obtenir aujourd’hui. C’est un enjeu majeur pour le déploiement d’une politique de santé publique territorialisée.
Enfin, il a insisté sur l’importance de la prise en compte des objectifs du développement durable dans la politique de santé publique. En effet, les enjeux se rejoignent en matière de prévention, d’impact de l’environnement sur la santé et de préparation aux crises. Résultant de négociations internationales, ces enjeux et les plans de mise en œuvre qui en résultent, restent à ce jour insuffisamment connus des professionnels de santé dans les territoires.
C’est un défi à relever pour la santé publique et les élus que nous représentons, qui disposent de leviers d’actions majeurs au travers des politiques publiques qui relèvent de nos compétences (logement, restauration scolaire, aménagement urbain, transports, espaces verts etc…).